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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE VII :
LE PLAN ASTRAL (2/2)

      J'en arrive maintenant à l'explication des faits. Nous observons que les subdivisions du plan astral représentent des états de matière parfaitement définis, bien que rentrant tous dans une catégorie spéciale de matière astrale, absolument comme la matière de notre plan se présente tour à tour sous l'état solide, liquide et gazeux. Tout être humain, en se développant, recueille dans la matière, non seulement celle des particules physiques constituant la matière de son corps physique, mais d'autres particules encore appartenant aux régions plus élevées de la nature, qui pénètrent ce véhicule plus grossier, et sont prêtes à devenir à leur tour, après l'abandon du corps, les véhicules du nouvel état de conscience humain sur le plan astral et plus tard sur les plans spirituels. Mais ces particules ne sont pas absorbées spontanément ; elles sont attirées, bien que l'individu qui les attire en ait à peine conscience, par le caractère et la couleur générale de ses pensées journalières. Les êtres dont l'état mental prédominant est d'un caractère élevé attirent à eux l'état de matière des couches élevées du plan astral ; tandis que les états de matière des subdivisions inférieures sont recueillies par les états de conscience les plus dégradés. L'âme, dans son corps astral, est projetée après la mort dans une existence qu'elle-même s'est inconsciemment préparée durant la vie, et son progrès final est entièrement déterminé (si nous portons notre attention sur l'action scientifique et prompte de la loi naturelle) par la qualité de matière que contient son enveloppe astrale. Par le fait, le véhicule astral de tout individu doit contenir la matière astrale de chacune des sept subdivisions du plan ; mais ici intervient une complication merveilleuse qui ne pourra manquer de captiver tout esprit scientifique. La matière de chaque subdivision peut elle-même exister sous différents états qui correspondent approximativement aux états solide, liquide, gazeux, etc. Or, si la matière du plan inférieur attirée par le corps astral d'un individu déterminé se trouve d'une qualité subtile et éthérée, elle se désagrégera très rapidement, sans que l'individu soit conscient du mode de dispersion de ses molécules ou atomes ; dans ce cas l'âme, dégagée du corps, traverse la plus grossière subdivision du plan astral, pour me servir d'une expression familière, comme la flèche perce le nuage. Il en est de même pour la seconde subdivision. Si la matière de ce sous-plan entrant dans la composition de l'enveloppe astrale est de la qualité la plus subtile, elle se désintégrera non moins spontanément dès que l'âme se trouvera sur ce plan ; en sorte que, par l'opération automatique d'une loi naturelle, chaque âme aussitôt après la mort se trouve précisément sur la partie du plan astral à laquelle correspondent ses affinités.

      Si nous en revenons au plan inférieur, nous comprenons comment l'âme, dont le corps astral est composé surtout de la matière inférieure de cette subdivision, peut y être retenue pendant un temps appréciable, même très long. L'existence sur ce plan est naturellement fort peu enviable. Sans nous arrêter à discuter les superstitions fantastiques relative aux souffrances physiques qui suivent la mort, nous comprendrons facilement que lorsque le corps conscient tout entier, représenté par une âme, s'est absorbé en des désirs uniquement matériels, il doit s'ensuivre un sentiment de désir intense que l'après-vie, même sur les couches inférieures du plan astral, est impuissante à satisfaire ; ce sentiment d'impuissance doit nécessairement donner lieu à un état de souffrance morale très accentué. Cette région de la Nature présente certainement à nos observations un triste spectacle ; mais je m'attache plutôt en ce moment à décrire les conditions du monde hyper-physique qu'à m'étendre sur leurs conséquences morales.

      Dans les deuxième, troisième et quatrième divisions du plan astral, comptées de bas en haut, nous remarquons une atténuation notable de toutes les conditions désagréables qui caractérisent le sous-plan inférieur, sans trouver cependant à ce point aucune condition d'un caractère absolument différent. Jusqu'à la quatrième subdivision, la conscience repasse par les expériences déjà vécues pendant l'incarnation ; mais dans les deuxième, troisième et quatrième subdivisions, cette révision ne sera plus limitée aux aspects inférieurs de la vie terrestre. Certaines émotions, soit d'amour, soit d'affection, qui relèvent de cette conscience destinée dans un avenir prochain à une sublime expansion dans des régions plus élevées, commencent déjà à se faire jour dans la conscience de l'être, qui par l'effet constant de frivoles attractions est encore retenu loin des royaumes où ces nobles sentiments s'épanouiront en toute liberté.

      Il ne faut pas oublier qu'au point de vue strictement scientifique la question consiste toujours à dégager le corps astral de la matière du plan quelconque où il se trouve enchaîné ; mais en discutant un sujet si spécieux nous sommes naturellement amenés à remonter aux causes morales qui ont servi de point de départ à cet état matériel et produit ce résultat. C'est ainsi que les couches astrales, suivant immédiatement la plus grossière, serviront naturellement d'asile à ceux qui se laissèrent dominer ici-bas par les trivialités de l'existence, attachant plus d'importance aux biens matériels qu'aux pensées, et qui considéraient la tâche qu'ils avaient à remplir non comme une partie essentielle de leur devoir dans la vie, mais comme un but en lui-même. Tel est le cas de l'avare accumulant son trésor non seulement pour sa propre jouissance ou le bien de son prochain, mais surtout par amour de l'or.

      En gagnant les régions les plus élevées du plan astral – et en les considérant au point de vue des individus morts selon les lois naturelles – les conditions matérielles changent sensiblement. En d'autres termes, si nous considérons la condition astrale de ceux qui ont éprouvé surtout des aspirations, des émotions et des désirs élevés, nous pouvons dire que nous trouvons cette région d'existence bien différente de ce qu'elle est pour l'individu d'un type inférieur. Mon grand embarras sera maintenant de décrire cette existence astrale supérieure sous son véritable aspect subtil et gracieux, sans cependant donner naissance à des conceptions réservées au plan spirituel. Cherchons-en la solution dans cette question : Quelle condition la Nature offrira-t-elle à une âme qui, sans être avilie ou sensuelle, n'aura pu élever son idéal au delà de certaines occupations, jouissances ou amitiés terrestres, et se sera plutôt laissée dominer par ces sentiments ? Nous admettrons volontiers que cet idéal puisse comprendre les jouissances de l'affection ; mais si celles-ci ne forment pas l'élément prédominant – si les désirs de cette âme s'exercent surtout sur l'ensemble des circonstances de la vie matérielle – elle ne pourra se détacher entièrement de l'attraction exercée sur elle par la contre-partie astrale des paysages et des scènes de la vie terrestre.

      Au lieu de chercher à s'élever vers les régions de la pensée et du sentiment – vers ce plan spirituel dont les états de conscience intérieurs forment le contingent important – la personnalité, que je viens de dépeindre se contentera d'une simple reproduction, sur le plan astral, de l'existence banale qu'elle vient de quitter.

      Comme je l'ai déjà dit, la matière astrale est beaucoup plus plastique, plus obéissante à l'imagination et aux désirs que la matière grossière du plan terrestre, et d'autre part le corps astral est totalement insensible à la fatigue, au froid, aux blessures et aux souffrances, ainsi qu'à ces désirs impérieux, ces nécessités qui sont autant d'obstacles à la réalisation du bien-être idéal sur le plan physique. Il s'ensuit que ceux des habitants du plan astral qui sont simplement libérés des désirs physiques sans l'être des désirs matériels peuvent se construire, ou imaginer une contrepartie éthérée de la vie terrestre qui, dans un certain sens, est un monde complet, et un monde très peuplé où pourront se renouer bien des amitiés terrestres, où l'on peut même espérer revoir et accueillir éventuellement ceux qui manquent encore au cercle intime des vieux amis réunis là-haut.

      Ces remarques s'appliquent particulièrement à la condition des trois régions supérieures du Kama-loka, que nous considérons maintenant en détail. La cinquième est celle où se reproduisent le plus complètement les caractères extérieurs de la vie, sous son aspect le plus gracieux, quoique toujours non spiritualisé. Ici nous apparaissent, dans leur développement complet, les conditions réelles qui servent de base à la conception de ce plan astral, peut-être trop idéalisée, que se forment quelques spirites et qu'ils désignent par le nom de « Terre printanière » (summerland). Dans cette condition de l'existence, les êtres s'aperçoivent fort bien qu'ils ont quitté la terre et subi ce changement qu'on nomme la mort, mais ils se croient transportés dans un autre monde qui leur offre des intérêts et des occupations semblables à ceux qu'ils viennent de quitter, sans toutefois présenter l'aspect pénible ou douloureux qui les caractérisait ici-bas. Les habitants de cette région se créent des demeures, des églises, des divertissements, de la musique et des instruments, et jusqu'à un entourage social très varié au milieu duquel ils passent leur temps dans une satisfaction paisible. Ceux qui considèreraient ce simple reflet purifié de la vie physique comme un changement peu satisfaisant seraient alors entraînés par des forces supérieures vers d'autres régions que nous décrirons plus tard ; mais, dans l'hypothèse, cette cinquième région de la vie astrale doit nécessairement satisfaire les aspirations des êtres auxquels elle est appropriée. Qu'un homme alors, encore incarné mais d'une évolution lui permettant de fonctionner, un certain temps, sur ce plan, essaye de représenter, à ceux qui l'entourent, que des degrés supérieurs d'existence leur sont accessibles, il se heurtera à une douce incrédulité mêlée de quelque peu de suffisance. Car à ceux dont les perceptions sont plus largement développées, les paysages et les scènes de la terre printanière semblent vraiment bien imparfaits et bien vagues, pour si satisfaisants qu'ils paraissent à leurs créateurs. Ces derniers, se méprenant étrangement sur la véritable réalité, regardent avec une pitié sympathique les êtres qu'un développement intérieur tendrait à pousser plus haut, mais qui, pour certaines particularités inhérentes à leur véhicule astral, sont encore enchaînés sur ce plan, où ils séjournent dans un état apathique et imparfaitement conscients.

      Les habitants pleinement éveillés de ce cinquième sous-plan les supposent d'un développement plutôt inférieur que supérieur au leur, et espèrent les voir dans un temps donné s'éveiller complètement, et apprécier à leur valeur les délices de l'existence qui les environne. Mais en réalité, leur éveil complet est réservé pour des plans plus élevés, peut-être pour ces vraies régions spirituelles dont nous parlerons plus tard, peut-être encore pour les conditions de la vie astrale immédiatement supérieure, conditions qui se manifestent sur les sixième et septième subdivisions.

      Sur la sixième particulièrement, le sentiment prédominant de l'état de conscience se rapporte au sentiment religieux. Sous un aspect plus subtil et plus purifié, ce sentiment trouverait sa véritable expression dans les régions dévakhaniques ; mais certaines conditions de pensée et d'émotion religieuse retiennent l'âme dans la région astrale que nous décrivons actuellement. Ce sont celles qui tiennent le milieu entre les aspirations de ce monde et la véritable aspiration spirituelle, et se rapportent plutôt au culte extérieur de la religion qu'à son essence véritable. Cette sixième région devient ainsi l'asile des âmes, qui ont compris la religion sous son aspect clérical plutôt que sous son aspect spirituel, qui se complaisaient dans les cérémonies et les services religieux, et chez lesquelles les formes et pratiques extérieures de l'Eglise remplaçaient une dévotion plus intime. Par une gradation naturelle, les représentants de chaque religion se groupent ensemble, et chaque groupe se constitue à lui-même un monde, n'ayant aucun point de contact avec les groupes adjacents. Il faut nous souvenir que, sur le plan astral, nous ne sommes pas affranchis des limitations du temps et de l'espace ; ce n'est de ne pas outrepasser la vérité que d'admettre, même, que les régions astrales aient une correspondance relative avec la répartition géographique des populations qui habitent la terre.

      L'activité intellectuelle est la note dominante de la région la plus élevée du plan astral. Cette activité de l'intelligence, comme nous ne le voyons que trop autour de nous, n'est souvent accompagnée d'aucun développement spirituel ; elle peut s'associer à un mépris absolu des divers problèmes qui se rapportent à l'unité de conscience, ou aux possibilités de développement de cette même conscience au delà des limites qui lui sont assignées par l'activité du cerveau physique. Ce cerveau, chez l'individu même le plus intelligent, constitue en somme le seul instrument dont il puisse se servir pendant la vie ; les facultés qui en guident le fonctionnement résident en réalité dans la constitution de l'Ego ; mais tant qu'elles ne s'accompagnent d'aucune évolution spirituelle, elles ne peuvent rechercher là-haut que le reflet des manifestations de leur vie terrestre. Ces individus se trouvent néanmoins dans des conditions où leur intelligence est affranchie de bien des limitations qui la restreignaient pendant la vie physique ; aussi éprouvent-ils consciemment l'exquise sensation d'une capacité intellectuelle très intensifiée. Ce sentiment peut, dans une large mesure, s'associer à des idées philanthropiques, et les habitants du plan astral supérieur sont très pénétrés de l'idée qu'ils peuvent, par leur influence, contribuer puissamment au progrès et au développement de l'intelligence humaine ; aussi cherchent-ils sans cesse dans ce but, sur le plan physique, des individus encore vivants qu'ils puissent impressionner par leurs conceptions plus nettes et plus avancées. Ils se construisent aussi, dans un entourage à demi-matériel, des bibliothèques et des laboratoires où ils peuvent, dans une certaine mesure, matérialiser les idées nouvelles que leur conscience développe avec l'aide des sens astrals. Ils sont loin d'être ignorants du développement progressif de la pensée humaine et possèdent même la contre-partie astrale des nouveaux ouvrages scientifiques, et des nouveaux instruments de laboratoire. L'intensité de leur vie intellectuelle leur constitue une existence qu'ils trouvent très heureuse, mais qui néanmoins tend à retarder, peut-être plus que les distractions mesquines des subdivisions astrales inférieures, leur progrès possible vers des conditions d'existence plus hautes.

      J'ai déjà fait allusion aux nombreuses variétés d'existence non humaine qui pullulent plus ou moins dans toutes les régions du plan astral. Les êtres qui sont dans des conditions normales après la mort ont, en somme, peu de relations avec ces entités, et il sera plus rationnel d'étudier cette partie de notre sujet dans un chapitre spécial.




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